Notre dernière création :
« Un théâtre au chevet des aidants »

Définition

L’aidant familial est la personne non professionnelle qui vient en aide en partie ou totalement pour les activités de la vie quotidienne d’une personne de son entourage.
Cette aide peut prendre la forme de: « nursing, soins, accompagnement à l’éducation et à la vie sociale, démarches administratives, coordination, vigilance permanente, soutien psychologique, communication, activités domestiques… »

Source : CHARTE EUROPEENNE de l’AIDANT FAMILIAL avec le soutien de la  COFAC

Le contenu du projet

Le cœur de ce projet repose sur trois textes de théâtre commandés à deux auteurs  Anne-Yvonne Kervern, et Morwenna Prigent.
Chacun de ces textes est indépendant, et traite d’une situation particulière.
Le spectacle sera composé de deux de ces textes , laissant libre les organisateurs de choisir, en fonction du public visé, parmi les situations que nous proposons sur la relation aidants-aidé dans le couple, entre enfant et parent ou de parents d’un enfant handicapé.
Le premier jet de la création, dont l’avant première est prévue le 1er mars 2019, proposera une mise en scène des textes, « Eve a besoin d’aide » et « Christine fille de Jeanne ».

Dans un deuxième temps (2020) nous mettrons en scène « Quentin IMC », pour permettre aux organisateurs de composer le spectacle de leur choix, parmi ces trois textes et en fonction du public visé.

L’équipe

Nous avons composée une équipe de professionnels avec trois comédiens (nes) , Catherine Vidal, Déborah Marique et Jean-Louis Fayollet, à la mise en scène et la scénographie nous avons Ronan Kernévez assisté par Dounya Hdia, en création lumière Freddy Candy, et à la conception et construction des décors Soux. Nous n’avons pas encore trouvé le musicien qui fera la création musicale et la bande son du spectacle.

Les situations abordées dans les textes

« Eve a besoin d’aide » de M. Prigent, met en scène, Paul le mari d’Eve et leur fille Agathe. Nous sommes dans une situation du conjoint Aidant.
Paul le mari se retrouve a devoir tout gérer dans la maison, tout en s’occupant de sa femme qui perd la tête. La situation se déroule sur deux journées. Pour l’occasion de l’anniversaire de la fille une petite fête est organisée et la situation dérape.
Ce texte permet de mettre à jour la situation de Paul, qui bien que sauvant les apparences et donnant le change est dépassé par les événements qui lui arrivent. Ce personnage a conscience de ses propres limites mais il se pousse à bout dans cette épreuve qu’il n’a pas choisi,  et éprouve des difficultés à solliciter un soutien.

« Christine fille de Jeanne » de A-Y Kervern, nous abordons au travers de ce texte la situation d’une fille qui s’occupe de sa mère devenant sénile. L’écriture est sobre mais puissante, et cette saynète aborde subtilement la complexité et les ressorts affectifs de la relation fille-mère placé dans le contexte d’aide à un proche .

« Quentin IMC » de A-Y Kervern, est un texte qui met en scène deux parents d’un adolescent handicapé qui mène une bataille au jour le jour pour le bien être de leur enfant. Ce combat du quotidien impacte leur vie, sociale, professionnelle et la stabilité de leur couple.

Après la représentation

Nous pensons faire intervenir un psychologue auprès du public, afin de faciliter et d’accueillir les mots du public et permettre de libérer les ressentis.
Ce professionnel sera dépêché par l’organisateur ou via un organisme référent (Clic, réseau gérontologique).

Fiche technique: 

Scène : 5mx5m (minimum)
Technique son et lumière: Autonomie de la Compagnie en son et lumière
Salle: Obscurité ou semi-obscurité demandée
Durée  Nous envisageons , un spectacle contenant deux des trois textes prévus,  quelque soit le montage du spectacle nous partons sur une durée d’une heure et quart environ.

Autonomie et facilités techniques: Pour faciliter l’organisation de représentations à venir, la scénographie et la mise en scène prévoit de pouvoir s’adapter à tout type de salle. avec un minimum de besoins (scène de 5x5m ; un minimum d’obscurité et du courant 220V) . De plus nous serons totalement autonome techniquement en son et lumière, nous pourrons aussi nous adapter à des salles équipés (théâtre, salle de spectacle…)

Extraits des textes du spectacle

La scène se déroule dans la maison, on y retrouve Paul (le mari), Eve ( sa femme), Agathe(la fille) venue pour l’occasion de son anniversaire, extraits:

Eve: Où est ma casserole rouge ?

Tous : Pardon ?

Eve: Ma casserole rouge pour faire chauffer l’eau du café ?

Franckie : Coucou bonjour Maman tu viens me faire un bisous

Paul: Mais nous avons une cafetière.

Eve: Je ne me sers jamais de la cafetière

Paul: Mais voyons , si, amour, tu t’en sers tous les jours.

Eve: Ne me manipules pas ! Tout ça , c’est parce que tu as pris ma casserole rouge.

Paul: Mais de quelle casserole rouge, tu parles ?

Eve: De celle qui est rangée sous la corbeille de pain.

Agathe: Mais il n’y a jamais eu de casserole rouge à cet endroit là !

Franckie : Heu, il y a quelqu’un , ici radio St Laurent Hou !Hou !

Eve: Tu es bien informée, c’est toi qui l’a prise !

Agathe: Mais maman, pourquoi j’aurais pris une casserole ? J’ai des casseroles chez moi.

Eve: Tu prends toujours tout ce qui t’intéresse chez nous et tu ne rends jamais. Tu m’as toujours tout perdu, mes clefs, mes boucles d’oreilles et cette jupe que j’aimais tant, et maintenant ma casserole rouge ….

…….

Paul : Mais tu vas me foutre la paix, Je passe ma vie à m’occuper d’elle a lui raconter des histoires pour que tout cela soit moins dur et qu’elle n’entende plus ses souffrances ! Je prends des rendez-vous comme une secrétaire médicale ! Tu connais non ? Pourtant jamais tu ne m’as proposé de m’aider pour ça ! Moi, pauvre tâche, je me disais : « c’est normal, ça lui rappellerait trop le boulot » ! Quelle tarte !  Aujourd’hui je connais presque tous les services de l’hôpital, j’appelle les infirmières par leurs prénoms. Et ce n’est pas tout : j’achète des fleurs tous les dimanches, pour que ça lui rappelle la campagne qu’elle aimait tant ! Je repasse les vêtements que tu lui achètes et qui sont impossible à repasser ! Agathe quelle idée d’acheter du lin et du nylon ! Je dois même rattraper les massacres capillaires de la coiffeuse, qui travaille par-dessus la jambe, ta mère ne l’intéresse pas beaucoup, pas assez glamour sûrement. Et je te passe l’aventure des aides ménagères, j’espère encore pouvoir en trouver une qui soit correcte et courageuse.
Mais tout ça, je le fais aussi pour toi. Oui, pour ne pas que te rendes comptes que ta mère vieillit et fane trop vite ! Je passe mes journées à essayer de raviver des souvenirs pour ne pas qu’elle nous oublie, pour ne pas qu’elle oublie ton enfance.
Et oui ma petit Agathe, mais tout ça tu ne le vois pas. Non, ta tête est trop grosse et ton cœur trop vide pour te demander si moi, est ce que moi je vais bien ? Comment-est qu’il va papa ? Comment il vit tout ça ? Combien de somnifères il a pris hier soir pour bien dormir et être en forme ce matin ? Combien de calmants il prend tous les jours pour ne pas angoisser ? Tout le monde s’en fout ! Et les heures que je passe à nettoyer, récurer, cuisiner, à faire les courses, c’est normal, c’est à Papa de faire tout ça, c’est tout, qu’il se démerde ! Et puis il est de bonne humeur donc c’est que ça va, et d’ailleurs ça t’emmerde, que je sois de bonne humeur ! Si je le sais ! Agathe j’en peux plus, je donne je donne, et ce n’est jamais assez. J’ai mal partout, pourtant je n’en parle même pas aux docteurs, quand je suis devant eux, j’oublie mes problèmes tout est pour ta mère, tout. Je n’étais pas préparé à ça tu comprends je …

 Agathe : Je t’écoute, parles.

Paul : Merci Agathe, merci de m’écouter, …

La scène se déroule au domicile du couple de Thomas et Aurélie, extraits:

Aurélie : Moi aussi. Je ne sais pas pourquoi, l’équipe s’est crispée dès qu’on a parlé des difficultés de Quentin. Ça se passait tellement bien au début.

Thomas: Quentin a évolué, ses besoins aussi … et puis les changements dans l’équipe,le départ de son éduc , le départ de son copain, c’est fragile un équilibre. Enfin bref, mais c’est dommage . Revenons à nos moutons ! (Il sort une liste de sa poche ). La salle de bains c’est fait . Demain, on enlève l’armoire, on monte le placard, on gagnera de la place dans sa chambre avec les portes coulissantes. Quoi d’autre?

Aurélie a entendu un signal de son portable et regarde son message .

Thomas: Tu m’écoutes ?

Aurélie : Pardon , j’ai vu que j’avais un message .

Thomas: C’est qui ?

Aurélie : Carole et Matthieu . Ils proposent qu’on aille diner chez eux ce soir .

Thomas: C’est sympa. Tu crois qu’on a le temps ?

Aurélie: Le temps oui, mais j’ai pas la tête à ça et puis je vais être crevée.

Thomas:  Dis leur que ce sera pour une autre fois .

Aurélie leur envoie un message .

Aurélie: On en était où ?

……..

Aurélie: Quentin a eu une érection pendant que je le savonnais.

Thomas: ( toujours concentré sur son ordi, répond machinalement) Hein ?

Aurélie: Quentin a eu une érection pendant que je le savonnais.

Thomas: Quoi ?

Aurélie: Tu as entendu.

Thomas:  Et qu’est-ce tu as fait ?

Aurélie: Ben rien, j’étais mal à l’aise .C’est trop … Déjà avec son poids, sa taille, je galère, mais là….

Thomas: Au moins on peut se dire que de ce point de vue là , il est normal.

A Thomas ! Mais tu t’entends !

Thomas: J’essaie juste de détendre l’atmosphère.

Aurélie:  C’est réussi, bravo!

Thomas: D’accord, c’était pas malin. Calme -toi.

Aurélie:  J’ai pas envie de me calmer. J’en peux plus , tu comprends ça ?

Thomas:  Ecoute, on va trouver des solutions. Viens là. Regarde, j’ai trouvé une prof de dessin., Je l’ai appelé , elle a l’air vraiment bien.

Aurélie:  J’en veux à l’école municipale , » il perturbe les autres , on a du mal à communiquer avec lui gna,gna gna ». Des cours particuliers ça va être beaucoup plus cher, non?

Thomas: J’ai fait les comptes tout à l’heure. C’est raide , mais ça passe. Pour la toilette, j’ai appelé l’association “ Famille de Malades et Handicapés” ils proposent de venir faire un point .On aurait peut-être droit à la prise en charge d’un intervenant extérieur, sait-on jamais!

Aurélie: Franchement, je ne sais plus. C’est le défilé à la maison . J’ai l’impression parfois de ne plus être chez nous.

……

La scène se passe chez Jeanne la maman et Christine, sa fille , extraits :

Christine: Coucou Maman, ça va ?

Jeanne : Ah, c’est toi. J’attendais ton frère. Il arrive quand ?

Christine: Bientôt, un de ces jours .

Christine va chercher les fleurs et un vase .         

Christine: Tu as vu ,Maman,  j’ai acheté des fleurs.              

Jeanne s’anime.

Jeanne :  Elles sont belles. Il faut les mettre dans l’eau, elles vont s’abîmer.

Elles font ensemble le bouquet . Jeanne est précise et affairée. Christine l’aide discrètement et surtout la regarde avec tendresse. Véritable échange entre elles. Jeanne compose un joli bouquet.

Jeanne :  C’est joli, hein ?

Christine: Très. J’aime beaucoup. On le met où ? Sur la table ou sur là bas ?

Jeanne se crispe, regarde les endroits que Christine a désignés, avec incompréhension.

Jeanne :  Je ne sais pas moi, je n’en sais rien . Toutes ces questions .. et où et quoi?  C’est terrible, voyons d’insister comme ça .Toujours , toujours des questions et alors…

Christine: Il n’y a pas  de problème, Maman . Tout va bien . Je vais …

Jeanne:  Qu’est-ce que tu fais avec ce vase?

Christine: Hein ? Rien. Je …

Christine: elle le  pose  sur la table ou ailleurs.

Jeanne : Je suis fatiguée . Il est quelle heure?

Christine: Sept heures. Je vais regarder mes messages et je préparerai à manger .

Jeanne :  Je n’ai pas faim.

Christine: Repose -toi un petit peu.

Christine l’accompagne à son fauteuil  , l’aide à s’installer.

Christine: Tu es bien comme ça ?

Jeanne ne répond pas . Christine s’installe à son ordi, peu de temps après Jeanne se lève , prend son sac,

Christine: Maman, qu’est-ce que tu fais?

Jeanne : Je vais acheter des oeufs pour les crèpes.

Christine: Tu as envie de crèpes ?

Jeanne : On est mercredi, le mercredi c’est crèpe.
………

Jeanne : Elles sont lourdes ces fourchettes.

Christine: Prends celle-ci peut-être, c’est mieux.

Jeanne :  Je n’ai pas faim. Et cette musique là, c’est fatiguant.

Christine: Quelle musique?

Jeanne : La musique de bal voyons , tu n’entends pas ?

Christine: Non.

Jeanne : Ce n’est pas possible . Ecoute! Chut! (Elle fredonne) C’est trop fort. Tu entends là?

Christine: Oui, oui. Je vais l’arrêter.

Christine: se lève, fait un tour dans la pièce;

Christine:  Voilà.

Jeanne : C’est mieux. C’était joli mais je suis fatiguée.

Christine:   Tu n’as plus faim, Maman?

Jeanne : Non.

Jeanne  se lève et erre dans la pièce, sa serviette de table à la main. Christine, qui n’a pas touché à son assiette, débarrasse la table. Elle sent une odeur gènante quand elle passe près de Jeanne.

Christine: Maman, je crois qu’il faut qu’on aille aux toilettes. ( elle prend le paquet de couches)

Jeanne ( qui essuie la table) : Je n’ai pas fini mon ménage. Si on laisse trainer, après on est  débordé.

Christine: Tu finiras après. Mais là , il faut vraiment y aller. S’il te plait..Viens.

Christine tente de prendre Jeanne par l’épaule et de l’emmener.

Jeanne : Mais laisse-moi, voyons. C’est terrible ça.

Christine ( haussant le ton): ça suffit! tu as besoin d’être changée. C’est comme ça et puis c’est tout. Moi aussi , je m’en passerais bien .

Jeanne :Pourquoi tu cries? Qu’est-ce qui se passe?

Christine: Pardon, désolée.Tout va bien, viens avec moi.